Série limitée de 40 pieces seulement

Merci à Mr Bernd Loosen d'avoir retracé l'histoire de cette voiture et d'avoir écrit ce texte.

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Mercedes-Benz 26/120/180 680 S - 1928 (RHD) Commission Nr. 40637 Châssis Nr. 35952 Moteur n°. 71808 Corps d'après Gangloff (Genève, Berne, Colmar)

J'ai rencontré sir Peter Ustinov en décembre 1985 lors d'un gala en son honneur à Toronto, et ce fut un moment que je n'oublierai jamais. Quand je me suis présenté avec mon nom, il a immédiatement répondu en allemand : "Aah, allemand, je suppose ?"

À partir de ce moment-là, nous avons eu une conversation sur ses films, ses efforts humanitaires, ses œuvres et ses réalisations, juste lui et moi, une conversation qui a duré environ 20 minutes, alternant entre l'allemand, l'anglais et le français. Bien qu'il ait été, comme on pouvait s'y attendre, plus sérieux dans la vie que dans ses films, il y avait toujours une pointe d'humour dans ses manières et une lueur espiègle dans ses yeux. Notre conversation portait également sur des questions qui lui tenaient à cœur et qui étaient également importantes pour moi à l'époque et maintenant.

La conversation a été relativement courte et j'aurais aimé qu'elle dure beaucoup plus longtemps, mais pendant ces vingt minutes, il m'a accordé toute son attention. C'était comme s'il n'y avait que lui et moi dans la pièce, tous deux parlant alternativement dans les trois langues.

Inoubliable! En fin de soirée, enrichie par l'expérience et la conversation, je suis rentrée chez moi, et de manière totalement inattendue avec son livre sur la Russie, qu'il m'a offert, avec sa dédicace.

Sir Peter Ustinov, en fait Peter Alexander Freiherr Von Ustinov, est né le 16 avril 1921 à Swiss Cottage, (Londres), Royaume-Uni, fils de Nadezhda Leontievna (née Benois) et Jona Freiherr von Ustinov. Il est décédé le 28 mars 2004, à l'âge de 82 ans à Genolier, (Canton de Vaud) en Suisse.

Le père de Peter Ustinov, Jona Freiherr von Ustinov, était d'origine allemande, russe, polonaise, éthiopienne et juive. Le grand-père paternel de Peter était le baron Plato von Ustinov, un noble russe, et sa grand-mère était Magdalena Hall, descendante d'une famille mixte germano-éthiopienne-juive.

La mère d'Ustinov, Nadezhda Leontyevna Benois, appelée Nadia, était une peintre et créatrice de ballet d'origine française, allemande, italienne et russe. Son père, Léon Benois, était un architecte impérial russe et propriétaire de la peinture "Madone Benois" de Léonard de Vinci, qui est maintenant exposée au musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg.

Leur ancêtre paternel, Jules-César Benois, était le confiseur du Duc de Montmorency en France, mais il quitta le pays en 1794 pendant la Révolution française pour Saint-Pétersbourg, où il devint le confiseur de la tsarine Maria Fiodorovna (l'ancienne Sophie-Dorothée Augusta Luisa de Wurtemberg), épouse du tsar russe Paul I.

Le père de Peter Ustinov, Jona, a travaillé comme attaché de presse à l'ambassade d'Allemagne à Londres dans les années 1930 et a été journaliste pour une agence de presse allemande.

En 1935, deux ans après l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler en Allemagne, Jona von Ustinov a commencé à travailler pour les services secrets britanniques MI5 et est devenu citoyen britannique.

Selon toute vraisemblance, Jona von Ustinov était l'espion du MI6 connu sous le nom de "U35".

Bien qu'enfant, il ignorait ce qui se passait à huis clos dans le salon de ses parents, Sir Peter Ustinov raconte dans son autobiographie que son père organisait des réunions secrètes de hauts fonctionnaires britanniques et allemands dans sa maison londonienne.

Connu de beaucoup pour son rôle d'Hercule Poirot d'Agatha Christie, et (parmi beaucoup d'autres) pour son rôle dans les films Quo Vadis ou dans Viva Max, Sir Peter Alexander Ustinov, CBE, FRSA, était un acteur, cinéaste et écrivain britannique. Conteur de renommée internationale, il a été un incontournable des talk-shows télévisés et des séries de conférences pendant une grande partie de sa carrière. En tant qu'intellectuel et diplomate, il a occupé divers postes universitaires, il a été « ambassadeur de bonne volonté » pour l'UNICEF et président du Mouvement fédéraliste mondial.

En 1999, avec son fils Igor, il a fondé la "Fondation Peter Ustinov" à Francfort-sur-le-Main, dont le but est de créer un monde commun de tolérance, d'ouverture d'esprit et de respect mutuel. Ses antécédents familiaux, son éducation et ses expériences de vie ont donné à Sir Peter Ustinov sa vision cosmopolite qui l'a opposé à toute forme de nationalisme et d'extrémisme.

Peter Ustinov avait aussi un passe-temps de toujours : l'automobile !
Depuis son enfance, ses parents, qui, comme il l'avoue lui-même dans son autobiographie, ne comprenaient absolument rien à la motorisation, étaient parfois plutôt soucieux du bien-être de leur fils. Du moment où il s'est réveillé jusqu'au moment où il s'est couché la nuit, il a cru qu'il était une voiture, et il savait exactement laquelle : une « Amilcar » !

Sa première voiture n'est cependant pas une Amilcar mais une Fiat 500, qu'il achète 200 livres, une somme assez coquette à l'époque, surtout pour un jeune soldat pendant la Seconde Guerre mondiale.

Ceux qui comprennent l'anglais ne peuvent s'empêcher d'être amusés par un enregistrement audio de 1958 qu'Ustinov a réalisé en une seule session d'enregistrement. Il s'agit de son "reportage" sur le "Grand Prix de Gibraltar" avec ses interviews (en tant que journaliste sportif) de M. Altbauer, et avec, entre autres, les pilotes de course Jose Julio Fandango, Girling Foss, Wolfram v. Grips, Karl Fling et Bill Dill, avec tous les accents. Ils sont rejoints par la voiture de course Wildfowl, allégée pour la course en retirant le cendrier et en installant une horloge plus petite. (Les connaisseurs de Grand Prix ont peut-être reconnu Juan Manuel Fangio, Stirling Moss, Phil Hill etc.) ...

L'enregistrement est une malice hilarante du début à la fin, le tout dans la propre voix de Peter Ustinov, bruits de moteur inclus ! En même temps, cependant, l'enregistrement est aussi une critique ironique du cirque entourant le GP de Monaco.

Le disque de longue date du "Grand Prix de Gibraltar" peut encore être trouvé avec un peu de chance, le CD sorti en 2003 est également difficile à trouver, mais vous pouvez profiter de toutes les absurdités amusantes sur "You Tube". Allez sur "Riverside Records "Le Grand Prix de Gibraltar" - YouTube"

Peter Ustinov était un passionné d'automobile qui aimait acheter et collectionner des voitures rares, surtout des voitures de caractère (selon lui, caractère était la plus importante de toutes les qualités d'une voiture), mais il ne s'est pas limité à une marque en particulier. Il possédait, entre autres, un V12 Hispano-Suiza de 11,3 litres (cadeau d'anniversaire de sa seconde épouse, volé en 1989), un cabriolet Delage, une Aston Martin DB 2/4 qu'il chérissait, une Alvis Speed Vingt, une Maserati Quattroporte ancienne, une Jowett Jupiter, plusieurs BMW et, oui, un petit DAF "Variomatic" de 600 cm3, qu'il appréciait parce que la petite voiture, conduite lentement, traversait n'importe quelle neige épaisse où toutes les autres restaient coincées. Cependant, il a dit un jour à un intervieweur, en riant, que "beaucoup de petites voitures d'aujourd'hui lui rappelaient des bidets".

Il a également possédé pendant un certain temps une Mercedes-Benz Type 680 S, qui a été exposée pendant des années du vivant d'Ustinov - et l'est toujours - au "National Motor Museum" à Beaulieu, Hampshire, Royaume-Uni. Il a dit un jour à propos de cette 680 S : « Elle était très rapide, très dangereuse et avait des freins à câble. Lorsqu'il pleuvait, la pédale de frein envoyait un message à l'une des roues, qui envoyait plutôt à contrecœur un message à une autre roue, et Chaque roue réagissait à un moment différent, de sorte que l'on roulait à 100 milles à l'heure sur toute la route.

Cette Mercedes 680 S, avec "carrosserie par Gangloff"…

…ou plus exactement "carrosserie à la Gangloff", ou "carrosserie d'après Gangloff" a une histoire un peu étrange.
La Mercedes-Benz 26/120/180 ch conduite à droite type 680S, commandée le 4 juin 1928, avec le numéro de commission 40637, le numéro de châssis 35952 et le numéro de moteur 71808 a été vendue comme châssis mobile le 4 septembre 1928 par Mercedes britannique (Londres) à un M. Dowding à Londres.
A peine un mois plus tard, le 6 octobre 1928, le châssis changea de mains, le nouveau propriétaire étant un Mr. J. Lloyds vivant à St. Neots, à 95 km au nord de Londres.

Puis, en octobre 1950 on retrouve la voiture à vendre chez le concessionnaire C. Arnold à Northampton (East Midlands, Angleterre) pour 230 GBP. Apparemment, la voiture n'a pas trouvé d'acheteur, car déjà en décembre 1950, elle est à nouveau en vente, cette fois chez Chipstead Motors à Londres SW3, et est annoncée comme une "bonne affaire" biplace rouge en "excellent état".

Là, elle attend un acquéreur jusqu'à la mi-1951.
Enfin, en juin 1951, la 680S portant la plaque d'immatriculation YX5964 est achetée par Peter Ustinov.

La voiture, telle qu'elle a été achetée par Peter Ustinov, et telle qu'elle a été exposée au "Montagu Motor Museum" à Beaulieu jusque dans les années 1970, consistait essentiellement en un châssis roulant Mercedes 680S avec une carrosserie dilettante faite maison du "pilier A" à l'arrière de la voiture. Aucune photo de l'arrière de la voiture n'est disponible ou existante. Il semble et ressemble à des panneaux de métal ordinaire simplement rivés ensemble. Qui l'a fait et quand reste un mystère.

En 1953 la voiture est emmenée à l'atelier pour le montage d'un nouveau démarreur. Commentaire : Voiture en mauvais état, carrosserie d'amateur. La voiture est maintenant peinte en blanc avec des garde-boue rouges.

En 1955, la voiture est prêtée par Peter Ustinov au "Montagu Motor Museum" à Beaulieu, Hampshire, Grande-Bretagne.

En août 1955, la voiture est exposée au musée. Commentaire : Carrosserie, peinture et polissage : très mauvais. Par la suite, divers travaux (réparation et entretien) ont été effectués sur la voiture des années 1960 aux années 1970.

En 1976, Peter Ustinov a officiellement transféré la propriété de la 680S au "National Motor Museum" (anciennement "Montagu Motor Museum"), à Beaulieu.

Peu de temps après que la voiture soit devenue la propriété complète du musée, la restauration de la 680S a commencé en 1976.
Parallèlement, il a été décidé de donner à la voiture une carrosserie appropriée et digne de la voiture. Compte tenu de l'état de la voiture, m'a dit le musée de Beaulieu, le sujet d'une nouvelle carrosserie avait été évoqué dès les années 1950 et discuté à maintes reprises au cours des deux décennies suivantes. Il fut finalement décidé de reconstruire la 680S avec une carrosserie dite "Dual Coach Phaeton" (en allemand : Tourer) par Gangloff, car le carrossier genevois les produisit vers 1928. Une photo d'une Mercedes 680S avec carrosserie Gangloff servit d'inspiration .

La commande est allée à Rod Jolley Coachbuilding, à Lymington, Hampshire (Angleterre). La réplique était basée uniquement sur de nombreuses photographies et non sur des dessins techniques ou un véhicule existant. La 680S restaurée avec sa nouvelle carrosserie a finalement été achevée vers 1980. Très correctement, le musée décrit la voiture comme suit : "Une copie de l'une des trois carrosseries de "La voiture des rois" a été réalisée par Rod Jolley au milieu des années 1980 et placée sur le châssis d'une Mercedes-Benz (680S) ayant appartenu à Peter Ustinov." Des années plus tard, lorsque Rod Jolley a eu l'occasion d'examiner de près l'une des deux autres 680S à carrosserie Gangloff survivantes, propriété d'Arturo Keller et restaurée aux États-Unis, Rod Jolley a remarqué quelques erreurs dans la carrosserie qu'il avait faite pour la voiture d'Ustinov, du seul fait du manque de mesures disponibles. Erreur ou pas erreur, le travail de Rod Jolley est digne de mention quand on considère que seules les photographies ont conduit à un résultat qui ne se distingue guère, et pour un "non-spécialiste" vraisemblablement pas du tout distinguable d'une carrosserie Gangloff originale.

En dehors de cela, cependant, la question peut se poser de savoir si la voiture "Ustinov" exposée au "Musée national de l'automobile" à Beaulieu a quelque chose à voir avec Sir Peter d'un point de vue historique. N'aurait-il pas été plus authentique de remettre la carrosserie « caisse à savon » dans son état d'origine, ainsi que le châssis et le moteur, et de l'exposer ? Bien sûr, il ne peut y avoir de réponse absolument claire à cette question. Certes, l'exposition du musée est complètement différente de la voiture que Peter Ustinov a possédée pendant environ cinq ans dans les années 1950. De plus, la nouvelle carrosserie Gangloff n'a été commencée qu'après le transfert de la voiture au musée par Ustinov. Et pourtant, la voiture à carrosserie Gangloff était sans aucun doute la voiture de Peter Ustinov, car selon la coutume et la définition, le numéro de châssis détermine l'année de fabrication et le type de voiture. Ainsi, la voiture de tourisme 680S "Dual Phaeton" qui se trouve au musée est la même voiture que la biplace à la carrosserie en tôle rivetée, dont se plaignait avec humour Sir Peter de la répartition problématique de la pression de freinage par le câble. Mais pour être précis, il ne faut pas vraiment parler ici d'une carrosserie Gangloff, car il s'agit à 100% d'une réplique, mais d'une carrosserie "à la manière de Gangloff" ou "carrosserie d'après Gangloff". Aujourd'hui, en 2022, la 680S de Sir Peter Ustinov, également peinte en rouge et noir, typiquement aussi "à la manière de Gangloff", est exposée en permanence dans la section "Voitures des Stars" du National Motor Museum de Beaulieu.

Ilario l'a encore fait...

... un modèle à l'échelle 1/43e parfaitement réalisé de la Peter Ustinov Mercedes-Benz 680S (1928) avec le numéro de châssis 35952 et une carrosserie de style Gangloff. Rien à redire sur le modèle si ce n'est que vous ne trouvez rien de meilleur. Sa qualité est au même niveau que la qualité des modèles produits par EMC, le studio de Kijv en Ukraine, qui a dû arrêter sa production en raison des circonstances, ne serait-ce que temporairement, on ne peut que l'espérer.

Mes remerciements pour leur contribution inestimable à cette Newsletter à :

Markus Kern, MTK Fahrzeugtechnik GmbH, (Allemagne) ; Patrick Collins, National Motor Museum, Beaulieu, Hampshire, (Angleterre); archives fédérales ; Alamy. Portrait de Sir Ustinov à la page 2 photographié par Allan Warren.